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Les titres par année de parution


Passions de la littérature
Format : 15 x 24 cm
Nombre de pages : 496
Prix : 38 €
Date de parution : 1996
ISBN : 9782718604763



Michel Lisse (dir.)

Passions de la littérature
avec Jacques Derrida


PRÉSENTATION

« Du 24 au 29 juillet 1995 s’est tenu à l’Université catholique de Louvain un colloque international consacré à Jacques Derrida et intitulé Passions de la littérature. Avec Jacques Derrida. Le sous-titre, Avec Jacques Derrida, tente de signifier le désir de l’accompagner, comme il nous l’a appris, dans ses passions pour la littérature.
Cet accompagnement se fait dans trois directions au moins. La première direction est celle qui va vers les nombreuses problématiques ouvertes par Jacques Derrida dans le champ de la théorie littéraire mise en connexion avec d’autres disciplines (le droit, l’esthétique, la philosophie, la psychanalyse, la technologie, l’anthropologie…). La deuxième, elle, rencontre de nombreux auteurs littéraires (Blanchot, Coetzee, Joyce, Kafka, Mallarmé, Ponge, Proust…) pour mesurer l’originalité et la nouveauté des lectures que Jacques Derrida a consacrées à certains d’entre eux, ou pour tenter de les commenter grâce à lui. La troisième suit les traces de Jacques Derrida, son écriture, son “style”. À l’examen des titres des conférences, on constate que les trois modes d’accompagnement sont à l’œuvre.
Pourquoi Passions de la littérature ? Outre la répétition de la lettre s, la lettre disséminante, cette expression fait signe vers deux titres de Jacques Derrida. Le premier donne à l’intitulé du colloque son rythme, sa démarche : il s’agit de Marges – de la philosophie. En faisant résonner les deux titres, en les associant comme un passement, Marges de la philosophie, Passions de la littérature, on peut entendre ou voir l’intitulé du colloque jouer le rôle d’un contrepoids, d’un négatif ou d’un jumeau, comme on voudra, du titre de 1972.
Le second est bien entendu Passions, sous-titré “L’offrande oblique”. Vers la fin de ce livre, le ton adopté par Jacques Derrida est celui de la confidence. “Une confidence pour finir”, nous dit-il. Ce texte aurait été pour lui l’occasion de confier ou de confirmer son goût pour la littérature, l’écriture littéraire. Ne croyez pas, prévient-il, que je préfère la littérature à autre chose, ne croyez pas, ajoute-t-il, que je veuille y réduire la philosophie ou une autre discipline. Non, ce n’est pas pour cela que je l’aime. À vrai dire, poursuit Jacques Derrida, j’aime en elle quelque chose qui ne se réduit pas à l’esthétique ou à la jouissance formelle. À ce moment de la conférence va survenir la passion :
“Mais si, sans aimer la littérature en général et pour elle-même, j’aime quelque chose en elle qui ne se réduise surtout pas à quelque qualité esthétique, à quelque source de jouissance formelle, ce serait au lieu du secret. Au lieu d’un secret absolu. Là serait la passion. Il n’y a pas de passion sans secret, ce secret-ci, mais pas de secret sans cette passion. Au lieu du secret : là où pourtant tout est dit et où le reste n’est rien – que reste, pas même de la littérature.” (Passions, p. 64.)

Après ces très belles lignes, Jacques Derrida va rappeler qu’il tient à une distinction entre d’une part les belles-lettres ou la poésie et d’autre part la littérature comme invention moderne. Invention moderne, qui est, entre autres traits, inscrite dans des institutions. Jacques Derrida va alors expliquer l’importance qu’il accorde à cette inscription dans la mesure où la littérature rejoint ainsi une certaine idée de la démocratie :
“La littérature est une invention moderne, elle s’inscrit dans des conventions et des institutions qui, pour n’en retenir que ce trait, lui assurent en principe le droit de tout dire. La littérature lie ainsi son destin à une certaine non-censure, à l’espace de la liberté démocratique (liberté de la presse, liberté d’opinion, etc.) Pas de démocratie sans littérature, pas de littérature sans démocratie.” (Passions, p. 64-65.)

De telles phrases ne peuvent laisser indifférent. Elles sont, sans doute, une des raisons pour lesquelles j’ai décidé d’organiser ce colloque. Tout simplement parce qu’elles disent toutes les portées politiques de ce qu’on nomme “déconstruction”, ainsi que celles de la discipline dans laquelle la plupart des conférenciers de ce colloque exercent leur métier. Elles murmurent ou crient, je ne sais, les enjeux politiques et démocratiques de l’étude de la littérature au sein d’une université. Elles affirment pour les sociétés démocratiques l’importance des recherches littéraires, des publications de textes littéraires. Elles demandent que celles-ci soient maintenues : mieux, qu’elles puissent croître au sein de nos sociétés qui privilégient rentabilité, productivité, compétitivité, etc. Il y va de l’à-venir de la démocratie, de ce qu’elle soit toujours à venir. Grâce à Jacques Derrida, à son enseignement, à ses conférences, à ses textes, nous mesurons mieux aujourd’hui les enjeux de la littérature. »

M. L.

SOMMAIRE

Jacques Derrida, « Demeure. Fiction et témoignage » – Catherine Malabou, «  Derrida’s Way : noblesse oblige » – Daniel Giovannangeli, «  La chose même » – Maurizio Ferraris, « Théorème et mnémoneume » – Christopher Johnson, « La leçon de philosophie : de Derrida à Lévi-Strauss » – Geoffrey Bennington, « De la fiction transcendantale » – Éric Clémens, « Entre » – Rudy Steinmetz, « Rhétorique de la philosophie » – Michel Lisse, « … le lire avec une patience infinie » – David Willis, « JD-Rom » – René Major, « Pourquoi écrit-il de si bons livres ? » – Georges Mauguit, « La différence avec le réel » – Lucette Finas, « Jacques Derrida : une écriture pressante. À propos de Passions » – Chantal Zabus, « Encre blanche et Afrique originelle. Derrida et la postcolonialité » – Marie-Louise Mallet, « Ombres d’Eurydice… » – Cristina de Peretti et Paco Vidarte, « La cendre et autres restes » – Derek Attridge, « Avant l’arrivant. Le Maître de Pétersbourg de J. M. Coetzee et quelques ouvrages récents de Jacques Derrida » – Nathalie Roelens, « La chose littéraire / La chose plastique » – Peggy Kamuf, « Signatures, ou les pointes aiguës du hérisson » – J. Hillis Miller, « “Le mensonge, le Mensonge parfait.” Théories du mensonge chez Proust et Derrida ».

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